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Qui est Saint-Fiacre ?

Qui est Saint-Fiacre ?

Dans cette époque marquée par des craintes grandissantes sur l’avenir de notre civilisation et, plus largement sur celui de notre planète, le message de Saint-Fiacre n’a jamais été autant d’actualité. Il est du devoir, du vouloir et du pouvoir de chaque individu et de chaque collectivité de favoriser les productions alimentaires issues du jardin.

Saint-Fiacre, moine du VIIème siècle

Saint-Fiacre, moine du VIIème siècle

Saint-Fiacre est né une date inconnue à la toute fin du VIème siècle ou au début du VIIème dans une noble famille irlandaise. En pleine expansion du christianisme en occident où beaucoup de ses compatriotes arrivent, il parvient en Gaule et plus précisément dans la région de Meaux, en Ile de France. Il est accueilli par l’évêque Faron qui lui attribua un territoire qu’il déboisa et défricha en un délai si court qu’il ne pouvait s’expliquer que par une intervention divine. Ce miracle attira la population et il se mit à l‘évangéliser et à transmettre ses connaissances. Il assuma aussi des fonctions religieuses et devint archevêque de Meaux en même temps qu’il fonda un monastère à Breuil (77).
Aussi, proche des gens et des plus humbles, il doit sans doute sa popularité au travail de la terre qu’il partage avec eux. Les guérisons « miraculeuses » qui lui ont été attribuées permettent également de le rendre célèbre. L’Eglise ayant besoin à cette époque de saints célèbres pour attirer les pèlerins, de nombreux lieux de culte ont été placés sous le patronage de Saint-Fiacre.

Saint-Fiacre, ingénieur agronome

Personne n’ignore que Saint-Fiacre est le patron des jardiniers et que l’on organise en son honneur des fêtes somptueuses autour du 30 août. Cette période n’a pas été choisie au hasard. C’est celle où le potager est à l’apogée de sa production, entre les derniers légumes primeurs du début de l’été et les récoltes des légumes que l’on consomme en automne et pendant l’hiver ou que l’on conserve jusqu’à la prochaine saison.

Saint-Fiacre est représenté avec une bêche et un livre à la main. A son époque, les religieux étaient chargés de mettre en valeur les terres à travers la paysannerie. Pendant toute cette phase de christianisation, un grande nombre de communautés monastiques, essentiellement bénédictines furent établies et dotées de vastes territoires agricoles. Détenteur des connaissances agronomiques et chargé de les répandre, Fiacre forma les moines afin qu’ils deviennent d’excellents ingénieurs agronomes capables de mettre en valeur des terres et de les cultiver (symbole de la bêche). Souvent issus de l’élite, ils savaient lire et écrire et avaient donc accès à toute cette connaissance (symbole du livre).

Saint-Fiacre fut chargé de donner dans chaque monastère une instruction permettant aux moines de réorganiser l’agriculture et de créer des potagers pour tendre vers l’autosuffisance alimentaire.

Saint-Fiacre, ingénieur agronome

Un jardin, quatre fonctions

Si à différentes époques, les légumes nouveaux apparurent sur les tables européennes, le schéma du jardin potager semble immuable. Le jardin a, dès son origine, une fonction médicinale déclinée en quatre volets. Outre les plantes aromatiques, condimentaires et médicinales, les fruits et légumes sont décrits pour leurs vertus curatives.
Si jamais on avait perdu le sens de la quadruple fonction des jardins, on la redécouvre aujourd’hui. Une herbe aromatique comme le thym reste utilisée indistinctement en cuisine pur parfumer les ragouts ou en herboristerie comme antiseptique. La lavande ou la violette, plantes à parfum, sont utilisées en pâtisserie.

La tradition maraîchère à Rouen et ailleurs

La tradition maraîchère à Rouen et ailleurs

Fait-on attention au petit accent circonflexe qui orne le « i » des maraîchers et de leur activité, le maraîchage ? Il est comme beaucoup de mots français (forêt – forestier), le vestige d’un « s ». Le maraîchage était une activité qui se développait à l’origine sur les terres de marais. Depuis le Moyen-Age, des villes comme Amiens avaient conquis de vastes superficies sur les terrains marécageux bordant la Somme. Sur une terre très organique et humide résultant de dépôts tourbeux étaient réunies les conditions pour produire de beaux légumes en abondance.

Beaucoup de villes, d’abbayes ou de châteaux, souvent bâtis en bordure de rivières ou fleuves, tiraient bénéfice de cette situation pour alimenter l’ensemble de leurs communautés respectives. Depuis le XIème siècle, les terres du Marais-Vernier devinrent des terres maraîchères destinées à alimenter les villages locaux de la boucle de la Seine et quelques abbayes voisines. A Rouen, dans l’enceinte des remparts, abbayes et couvents disposaient de leur propre carré de potager. A l’extérieur des remparts, l’alimentation de la ville, densément peuplée, reposait sur les terres céréalières des terrasses de la rive gauche et sur les terres maraîchères bordant deux petits affluents de la Seine se situant à l’Ouest et à L’Est de la ville.

Les maraîchers ont leur paroisse. Au vu de la grande tradition maraichère régnant à l’Ouest de Rouen, la confrérie Saint-Fiacre de Rouen fut attachée à la paroisse du Sacré-Cœur.
On retrouve à Rouen un Marché d’Intérêt National permettant aux maraîchers et grossistes de vendre leurs productions.

Saint-Fiacre, l’esprit du jardin

Ecrit par Jérôme Chaïb, cet ouvrage de 130 pages a pour ambition de faire redécouvrir la mission initiale de Saint-Fiacre et de ses héritiers : assurer l’autosuffisance alimentaire des populations les moins favorisées. Partout dans le monde et à toutes les périodes de l’histoire, le jardinage a occupé une place fondamentale dans la société.
A une époque où les problèmes de santé, de société et de protection de l’environnement se font d’une pressante actualité, il n’est pas inutile de se questionner sur la place du jardin dans l’alimentation familiale, sur la place d’une production saine, sur la protection des sols et de la biodiversité, sur le lien social et les pratiques solidaires qui en découlent.

Jérôme Chaïb : Docteur en écologie végétale de l’Université de Rouen, ancien directeur de l’Agence Régionale de l’Environnement, praticien du jardinage biologique, administrateur de la Confrérie Saint-Fiacre de Rouen. Cet ouvrage est aussi pour lui un témoignage de reconnaissance à ses anciens ancêtres maraîchers des quartiers ouest de Rouen où il est né et a vécu les premières années de son enfance à deux pas de la basilique du Sacré-Coeur.
Prix de l’ouvrage : 20 €. Vous pouvez l’acquérir auprès de l’auteur en téléphonant au 06 12 32 78 27 ou par mail à jerome.chaib@free.fr

Saint Fiacre, l'esprit du jardin